HISTOIRE

C’est en juin 1938, dans un paisible vallon de la commune de Chassiers, en Bas-Vivarais, dans le sud de l’Ardèche, qu’un ecclésiastique, le Père Zéphirin Gandon, fonda, le Centre Médico-Pédagogique de Béthanie pour y accueillir des enfants handicapés mentaux. Non loin des villes d’Aubenas (à 12 kms) et Largentière (à 4 kms), l’établissement situé au milieu de la verdure avec des sous-bois de chênes et de pins, jouit d’un climat provençal.

De fait, le projet du Père Gandon se matérialisa dès le 30 juin 1937 avec l’acquisition de la propriété de Landes à la famille Magnard. La première religieuse, Sœur Alice Marie, arriva le 27 juillet de la même année dans " un domaine de ruines, de ronces et de broussailles ". Usine abandonnée depuis longtemps, toiture supprimée sur une partie des bâtiments, impression de désert et d’abandon. Un figuier laisse sortir ses branches d’une des fenêtres du rez-de-chaussée, que les buissons ont envahi sur une grande partie. Difficilement on se fait un passage pour la visite des lieux de par ronces et broussailles ". Telle est la description du site faite par une religieuse de la Congrégation. Heureusement la " maison bourgeoise " n’était pas en aussi piteux état. Il a fallu quasiment un an de travail acharné aux religieuses, aidées par des ouvriers pour les gros travaux, pour débroussailler, nettoyer, réparer les toitures, amener l’eau de la source, remettre en état le canal, aménager les premiers locaux pour les " malades ", récupérer un minimum de mobilier et de linge... avant que la première " hospitalisée ", selon les termes de l’époque, soit accueillie le 7 juillet 1938.

De ces anciennes unités de production toutes délabrées dont la construction s’échelonne sur le XIXème siècle, installées d’abord à la faveur d’équipements hydrauliques pour le fonctionnement d’un moulin à farine, puis d’une machine à vapeur pour la mise en mouvement d’un moulinage, avec des moyens réduits mais avec l’aide immédiate des Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Étienne de Lugdarès, le Père Gandon fit un centre d’avant-garde pour les handicapés mentaux. Mère Léopold Supérieure Générale de la Congrégation doit être étroitement associée à la fondation de cette Œuvre car elle a eu l’audace et le courage de mettre au service de ce projet tous les biens de la Congrégation. Il le baptisa du nom de Béthanie en souvenir de l’accueil chaleureux que Jésus recevait chez Lazare, Marthe et Marie-Madeleine, à Béthanie en Judée (cf Bible - Evangile Jean chapitre XI, Luc chapitre X versets 38-41).

Ce fondateur fut un précurseur car, ancien directeur des hôpitaux psychiatriques de Clermont-Ferrand et de Privas, il avait pu comprendre la détresse des enfants hospitalisés parmi les malades mentaux adultes. Au milieu des années 30, les Pouvoirs Publics avaient de leur côté, invités les Directeurs d’Etablissement Psychiatriques à créer un quartier spécial pour les enfants. Le Père Gandon estima pour sa part que l’Hôpital Sainte-Marie n’était pas organisé pour cela et qu’il lui semblait préférable que ces enfants soient confiés à une congrégation religieuse. La Congrégation St Joseph de St Etienne de Lugdarès accepta en ces termes : " Marchez, nous vous suivrons ". Il s’engagea donc et créa pour eux une grande maison, afin de les faire bénéficier des progrès de la psychiatrie et de la pédagogie, mais aussi et surtout de l’amour et de la bonté de femmes et d’hommes prêts à donner le meilleur d’eux-mêmes. Par ailleurs, bien avant quiconque, il eut l’audace de poser les prémices de la décentralisation, en créant une œuvre privée à but non lucratif.

Le Père Gandon ne cessa de transmettre à ses collaborateurs :

  • dynamisme,
  • esprit de recherche et d’adaptation.

Entre 1938 et 1955, période pendant laquelle il fut directeur du Centre de Béthanie, il sut donner une image hautement humanitaire de ces lieux, les faisant passer du tissage des fils de soie, au difficile tissage des liens humains, au service des enfants handicapés et en particulier des plus gravement atteints.

L’ouverture et l’adaptation devant les besoins nouveaux ont continué de produire leurs fruits par la suite. A la mort du Père Gandon en décembre 1955, c’est le Père Victorin Imbert qui, jusqu’en février 1984, sera à la tête de l’œuvre de Béthanie. Pour répondre aux besoins des enfants les plus handicapés, avec l’Association " Les Amis de Béthanie ", il créa l’Institut Médico-Pédagogique " Les Genêts d’Or " à Valgorge, qui ouvrit en août 1967.

A la demande des parents et pour proposer des solutions d’orientation plus adaptées à l’âge et aux possibilités des adolescents et adultes handicapés, l’Association " La Joyeuse Cordée " est fondée au début de l’année 1968.

Celle-ci prend en charge la création de plusieurs établissements. C’est ainsi que pour apprendre aux adolescents et adolescentes handicapés mentaux à travailler, à mettre en valeur leurs aptitudes, deux Instituts Médico-Professionnels ouvrent leurs portes : L’un à Ruoms, " Les Myosotis " en 1973, l’autre à La Chapelle-sous-Aubenas, " Les Oliviers " en 1975. De même, afin d’insérer les handicapés mentaux adultes dans les structures de travail à leur portée : en 1977, ce sera l’ouverture du Centre d’Aide par Le travail " Les Chênes Verts ", avec foyers d’hébergement à Ruoms ; en 1978, c’est l’ouverture du Centre d’Aide par le Travail " Les Amandiers ", avec foyers d’hébergement à La Chapelle-sous-Aubenas.

Le Père Imbert amorce avant de prendre sa retraite, le début de la restructuration des différents établissements de l’œuvre de Béthanie, et tout particulièrement pour pouvoir répondre aux besoins des personnes adultes les plus handicapées.

C’est Monsieur Michel Balandras qui, en février 1984, a pris le relais dans le même esprit et la même disponibilité que ses prédécesseurs, au service des handicapés mentaux.

En 1984 l’I.M.P. " Les Genêts d’Or " à Valgorge a été reconverti en Maison d’Accueil Spécialisée (M.A.S.) pour adultes très dépendants. En 1989 la création de la M.A.S. " La Lande " a été faite au C.M.P. de Béthanie à Chassiers. Les I.M.Pro " Les Myosotis " à Ruoms et " Les Oliviers " à La Chapelle-sous-Aubenas ont été reconvertis en 1987 en Foyers de Vie avec activités occupationnelles pour adultes relativement dépendants. Reconversion rendue nécessaire par un déficit de recrutement et le vieillissement de la population des I.M.Pro.

Pour les travailleurs handicapés qui résident en milieu ordinaire, un Service d’Accompagnement à la Vie Sociale (S.A.V.S.) a été mis en place en 1997.

En 1994, l’Association a également pris en charge la gestion du Foyer-Logement " Le Chalendas ", à Vinezac, dans lequel des places sont réservées pour les travailleurs handicapés, à l’âge de la retraite.

En collaboration avec l’Education Nationale et l’Enseignement Catholique, la classe spécialisée de l’I.M.P. de Béthanie a pu être intégrée au collège du Portalet à Largentière en 1995.

En 1999, un " lieu d’accueil " a été créé dans une ancienne ferme réaménagée sur la commune de Montpezat. Mis à la disposition d’une famille d’accueil, ce lieu permettra d’accueillir durablement 2 ou 3 personnes handicapées dans une ambiance familiale régionale, en milieu rural.

L’ensemble de l’œuvre de Béthanie a été géré par deux Associations, " Les Amis de Béthanie " et " La Joyeuse Cordée " jusqu’en 1991. A cette date, elles ont fusionné pour donner naissance à l’Association BETHANIE, regroupant tous les établissements.

L’application des soins, la mise en œuvre des activités d’éveil, d’apprentissage ou de soutien comme la mise en place des postes de travail au bénéfice des handicapés, ont fait appel à un personnel dévoué et compétent. Une grande partie de ce personnel, dans le cadre d’une formation en cours d’emploi, a obtenu des qualifications officielles : éducateurs-spécialisés, infirmières, moniteurs-éducateurs, aides médico-psychologiques, aides-soignants, éducateurs techniques spécialisés.

Dans les périodes de restructuration, les recyclages et les perfectionnements ont pu se réaliser grâce à l’apport des formations dispensées dans le cadre de la formation permanente et des plans de formation mis en place dans les divers établissements.

A l’intérieur de chaque établissement, une équipe pluridisciplinaire intervient pour la prise en charge individuelle des résidents que ce soit au niveau médico-socio-éducatif ou professionnel.

C’est là toute une œuvre qui s’occupe de personnes handicapées mentales et polyhandicapées dans les 13 établissements et services dont l’Association a la charge. Cet ensemble a, sur le plan local, un important impact socio-économique.

En effet, dans ce Bas-Vivarais éprouvé par l’hémorragie du dépeuplement rural et la perte des petites industries spécifiques des vallées ardéchoises, elle procure sur différents sites plus de 600 emplois diversifiés et de qualité (498 ETP).